La catalyse est un processus chimique utilisé dans plus de 80% des process industriels. Le fonctionnement : modifier la cinétique d’une réaction chimique en présence d’une substance appelée catalyseur, capable d’accélérer cette réaction sans subir elle-même d’altération. II en résulte de nombreuses études afin de mettre au point des catalyseurs performants et résistants et de comprendre leur fonctionnement. La demande en énergie et en chimie au niveau mondial est de plus en plus importante. Il est aujourd’hui primordial pour les industriels de trouver des alternatives plus respectueuses de l’environnement, tout en s’affranchissant des ressources fossiles. Dans ce cadre-là, le projet Decolipo, financé par le Carnot MICA, propose de valoriser une ressource naturelle sous utilisée aujourd’hui, la lignine.
Les chercheurs et chercheuses de l’IRCELYON et de l’ICPEES ont allié leurs compétences reconnues dans les domaines de la catalyse et de la fonctionnalisation chimique pour faire de la lignine un précurseur biosourcé potentiel pour la fabrication de matériaux d’étanchéité.
Utiliser la lignine non utilisée issue de l’industrie papetière
L’industrie papetière utilise des matériaux lignocellulosiques comme le bois, la paille ou le chanvre. Mais seule la cellulose est conservée et utilisée dans la production de papier. Le sous-produit restant, la lignine, appelée aussi liqueur noire, est pour le moment difficilement valorisable. Elle est aujourd’hui brûlée pour alimenter le chauffage des systèmes de production. Ce matériau présente pourtant des atouts non négligeables pour s’affranchir de procédés chimiques lourds comme pour la production de polyuréthanes par exemple. C’est un matériau carboné, résistant, composé d’unités aromatiques. Il s’agit d’ailleurs du seul matériau aromatique naturel qui existe en abondance sur terre. Et il possède des fonctions oxygénées pouvant être modifiées.
Le but du projet Decolipo est de contrôler la dépolymérisation de la lignine via la catalyse, c’est-à-dire de la découper en macromolécules, appelées synthons bio-sourcés. Ces synthons seront ensuite fonctionnalisés pour leurs conférer des propriétés ciblées pour le développement de matériaux spécifiques.
Une ANR déposée avec un partenaire industriel
Les résultats obtenus dans ce projet sont très prometteurs. Aujourd’hui, les équipes de recherche ont déposé un projet ANR à impact avec plusieurs partenaires académiques et la société SOPREMA. Objectif : trouver une nouvelle utilisation à un sous-produit non valorisé de l’industrie papetière et développer à terme de nouveaux matériaux biosourcés pour l’étanchéité pour s’affranchir du polyuréthane et de sa fabrication énergivore et polluante.