3 questions à Jocelyne Brendle
Directrice de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse et professeur des Universités, IS2M
Qu’est-ce que l’IS2M ?
et pouvez-vous nous en dire plus sur les domaines d’applications des matériaux avec lesquels vous travaillez, les argiles ?
L’IS2M est une unité mixte de recherche entre le CNRS et l’Université de Haute-Alsace. C’est le plus grand laboratoire de recherche sur le site de l’UHA à Mulhouse. Ses compétences sont multiples : chimie, biologie et biochimie des matériaux, de la recherche fondamentale à appliquée avec une part très importante donnée au transfert de technologie. Le domaine des matériaux, couvre les polymères, les carbone, les matériaux poreux comme les zéolithes et les argiles et les interactions entre ces matériaux et d’autres objets avec lesquels ils peuvent interagir.
Mon domaine de recherche concerne les argiles. Avec différents volets allant de la synthèse c’est-à-dire la mise en place de nouvelles méthodes de préparation d’argiles par voie hydrothermale ou douce, la fonctionnalisation et l’application de ces argiles et la valorisation d’argiles naturelles. Leurs champs d’applications sont vastes. L’utilisation pour l’hygiène et la santé humaine et animale avec par exemple le relargage contrôlé de principe actifs de médicaments et le piégeage de polluants organiques ou minéraux pour la dépollution de l’air ou de l’eau.
La dépollution à l’aide des argiles
En raison de la fermeture de certaines centrales, le sujet de la dépollution a fréquemment été abordé ces derniers mois. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la dépollution à l’aide d’argiles ?
Depuis plusieurs années, nous travaillons effectivement sur des problématiques liées au nucléaire. Nous nous sommes intéressés depuis longtemps aux interactions qu’il peut y avoir entre ce matériau particulier et les éléments qui sont issus du stockage de déchets nucléaires. On étudie les argiles utilisées en tant que barrières de confinement. Et actuellement on travaille beaucoup sur la dépollution et le piégeage de radionucléides par des composés de types argiles. Ils ont une vraie valeur ajoutée dans ces domaines du fait de leur structure et de leurs propriétés spécifiques. Il est vrai que c’est d’actualité. Avec une très forte demande de la part des industriels pour trouver des solutions pérennes pour dépolluer et piéger les éléments radioactifs.
Une approche originale
Quel plus-value apportez-vous sur ces questions, comment vous différenciez-vous d’autres organismes travaillant sur ces thématiques ?
Il y a très peu de laboratoires qui font de la synthèse à façon pour ces domaines d’applications. Nous apportons une approche originale et unique en terme de synthèse et de modifications d’argiles par les voies que nous développons au sein de l’équipe. A terme, nous pourrons proposer des innovations au niveau industriel et à grande échelle. Une demande de dépôt de brevet est d’ailleurs en cours. Elle concerne une solution très prometteuse que nous avons développée pour la dépollution et le piégeage d’éléments radioactifs.